dimanche 25 février 2018

Posadas, le 25 février

Santa Ana
Ce qui reste de l'église - le plancher est toujours là mais à 30cm sous la terre pour le protéger (pour l'instant)
Avec notre intéressant guide
Loreto
Avec notre hôte

Nous sommes à la fin du XVII, enfin c’est ce que disent nos deux protecteurs qui s’appellent pères jésuites. Nos chefs et nos chamans nous content l’histoire de nos ancêtres qui vivaient dans la région Rio Grande du Sud au Brésil. Mais les attaques incessantes des esclavagistes portugais ont amené mes grands-parents ici en 1660.

J’ai 25 ans et ma femme 23, je suis très fier de mon fils de 7 ans qui ira bientôt à l’école pour apprendre l’espagnol, le latin et même comment écrire notre langue, le guarani. C’est tout un privilège d’être un des rares ainsi choisis pour étudier avec le pères. Avec lui et nos deux filles nous vivons dans une grande maison où nous avons une petite pièce fermée comme plus de deux autres milles familles.

Je travaille le bois dans un atelier où le père jésuite nous montre aussi la sculpture, et notre famille cultive un lopin de terre avec de drôles de plantes bizarres que mangent les pères. À l’extérieur du village on cultive aussi le manioc, la patate douce, le blé d’inde et le maté. Rien ne nous appartient car tout appartient à Dieu. On lui remet le travail de deux jours de travail par semaine, c’est la part de dieu. Moi et ma famille on préfère la viande et notre village mange 47 vaches par semaine.

Les pères jésuites nous on fait bâtir une grosse maison à l’extrémité de la place principale où on se rassemble pour nos cérémonies et rassemblements civiques. Elle est immense, 23 par 64 mètres et peut accueillir 3 000 personnes. Un jour par semaine les pères nous y rassemblent pendant qu’ils parlent à leur dieu. Même ceux d’entre nous qui comprennent l’espagnol n’y comprennent rien car le dieu blanc ne parle ni, guarani, ni espagnol mais la musique est belle.

Quand on nous attaque, on s’y enferme et on a assez de provisions pour tenir au moins deux lunes. Les prêtres m’ont versé de l’eau sur le front et je dis croire en leur dieu, pas de problèmes ils peuvent bien appeler Namandu, dieu le père, le bon dieu, Jésus et le dieu du mal, Lucifer, ce n’est pas bien grave. En gros on vit assez bien dans une réduction jésuite-guarani, pas autant que nus dans la forêt, mais certainement mieux qu’en esclavage. Seul nos chefs se plaignent parfois de n’avoir qu’une femme, mais c’est ainsi que veulent les jésuites.

Pour l’instant ma mère veuve vit dans le Cotiguazu et est nourrie par la communauté. Elle ira un jour dans le cimetière des femmes, mon père est dans celui des hommes et ma sœur morte avant son mariage dans celui des filles. Les prêtres cachent leurs morts sous le beau plancher de l’église. On vit dans une société sans argent, concept qui nous est inconnu car tout appartient aux dieux et on travaille tous pour la communauté. Mais j’ai entendu une rumeur que dans une grande ville très loin, Buenos Ayres, les jésuites creusent des tunnels pour éviter de passer leurs produits par la douane royale et de payer l’impôt dû. C’est donc compliqué la vie blanche, qui sait ce qui va leur arriver s’ils n’écoutent pas leur grand chef qu’ils appellent : REY, eux disent écouter un autre chef qu’ils appellent : EL papa negro. - À suivre


De l'autre côté le Paraguay - il fait tellement chaud ici que il ne se passe rien de 12h30 à 5h le souper est vers 23h
Photos

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